Contexte

Les Alpes : refuge de la flore française

La flore française recense 4 982 espèces végétales, la flore des Alpes 4 452 taxons. Les 7 départements alpins du Conservatoire botanique national Alpin abritent 2 969 taxons soit quasiment 60% de la flore française et 66% de la flore des Alpes.

Ces statistiques illustrent bien à quel point les Alpes françaises hébergent une importante richesse floristique que les politiques publiques ont très tôt identifié comme patrimoniale et décidé de protéger :

  • 277 espèces protégées au niveau national ;
  • 254 espèces protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur ;
  • 177 espèces protégées en région Auvergne Rhône-Alpes ;
  • 34 espèces reconnues d’intérêt communautaire dans l’annexe IV de la Directive Habitat dont il est nécessaire de suivre l’état de conservation dans le temps sans disposer pour l’instant de méthodologie ou d’organisation pour le faire.

Des listes rouges sur la flore ont également été réalisées depuis 2015, aux niveaux national et régional selon la  méthodologie développée par l’UICN pour identifier les espèces menacées. La figure ci-dessous reprend le nombre d’espèces de ce territoire pour les 3 cotations des menaces les plus importantes (CR/CR* en danger critique d’extinction, EN En danger, VU Vulnérable) des liste rouges nationales (LR N) et régionales Sud PACA (LR PACA) et Auvergne-Rhône-Alpes (LR AURA).

Le changement climatique : une évidence et de nombreuses incertitudes

Cet état des lieux sur la flore alpine s’inscrit dans un contexte de changement climatique particulièrement pressant sur ce territoire.

Les anomalies de température dans les Alpes durant le siècle dernier ont été plus marquées que la moyenne globale terrestre, avec une augmentation des températures depuis 1980 qui dépasse 1.5°C en certains sites. En effet, les climats plus froids de la planète, c’est-à-dire ceux des régions arctiques et alpines, sont connus pour être ceux qui subissent le réchauffement climatique le plus intense, un phénomène connu sous le nom d’amplification arctique et alpine.

Il est aussi reconnu que le changement climatique aura un impact plus important sur la flore alpine. Or, par manque de données et de modèles appropriés, les conséquences à attendre de ce changement sur les plantes de haute montagne sont encore difficiles à appréhender.

Ces éléments convergent vers la nécessité de conserver la flore alpine, en priorité les éléments les plus rares et menacés et de se doter d’une organisation et de méthodologies partagées et concertées.

Naissance du réseau

La conservation de la flore sur un territoire aussi vaste que les alpes françaises ne peut s’envisager sans un partenariat fort et pérenne avec l’ensemble des organismes qui interviennent sur tout ou partie des étapes de la conservation :

  • gestionnaires d’espaces naturels ;
  • universitaires ;
  • associations de protection de la nature. 

Pour aller vers une meilleure préservation de la flore et des habitats, une collaboration efficace entre tous est nécessaire. De cette constatation est née l’idée de réunir tous les acteurs de la conservation de la flore sur les alpes françaises pour créer un réseau. Ses objectifs :

  • développer les échanges ;
  • mutualiser les connaissances et les compétences ;
  • mettre en oeuvre des actions concertées de préservation de la flore et des protocoles communs de suivi ;
  • contribuer à l’élaboration d’une vision homogène de la flore à l’échelle du massif alpin.

Le dispositif a été lancé en 2008-2009 sous la coordination CBNA en partenariat avec des chercheurs et des gestionnaires des espaces naturels protégés. Portant initialement le nom de ‘Réseau Alpes-Ain de conservation de la flore’, ce dispositif a pris le nom de ‘Flore sentinelle’ en intégrant le projet ‘Sentinelles des Alpes’.